nucleaire
Le nucléaire ET la bougie
Le nucléaire ET la bougie
Depuis avril 2016 les révélations se succèdent, suite à la découverte de défauts de fabrication sur la cuve de l'EPR à Flamanville.
Des contrôles ont mis en évidence la présence de pièces défectueuses (réalisées par Areva au Creusot et par le japonais JCFC) dans des dizaines de réacteurs, ainsi que des certificats de sûreté falsifiés ("des incohérences, des modifications ou des omissions"). Il est notamment apparu que de nombreux réacteurs actuellement en service sont dotés de générateurs de vapeur non conformes, susceptibles de rompre et de causer une catastrophe nucléaire. Or, dans les démonstrations de sûreté, la rupture de la cuve ou d’un générateur de vapeur est dite "exclue", ce qui signifie qu’il n’y a alors aucune parade possible !
L'Observatoire du Nucléaire, animé par Stéphane Lhomme, avait alors déposé plainte contre Areva pour "mise en danger de la vie d'autrui" et "faux et usage de faux". Une enquête é été ouverte par le pôle santé publique du Parquet de Paris.
Ainsi pendant des décennies, les dirigeants industriels et politiques nous ont vanté une industrie nucléaire française "à la pointe de la technologie", "que le monde entier nous envie", surveillée par l’Autorité de sûreté (ASN) "la plus compétente et la plus stricte qui soit" pour aboutir à un parc nucléaire en véritable état de délabrement, des dizaines de réacteurs contenant un nombre inconnu de pièces défectueuses depuis 1965, une Autorité de sûreté prise en flagrant délit d’incompétence ou de complicité.
Areva (ex-Cogema), EDF et l'ASN sont complices, dans "l'intérêt supérieur" de l'industrie nucléaire.
14 réacteurs ont dû été arrêtés pour des vérifications… qui sont réalisées par EDF et Areva, sous contrôle de l'ASN !
Face au coût des importantes importations d'électricité et aux perspectives du froid qui s'annonce, l'ASN a autorisé fin décembre le redémarrage d'une partie de ces réacteurs, et en janvier pour les autres.
À noter que l'ASN n'a pas publié ses autorisations, ce qui a pour effet de ne pas pouvoir les contester en justice.
L’Observatoire du nucléaire exige leur publication et a déposé un recours en urgence pour faire annuler les autorisations devant le Conseil d'État, qui a été jugé recevable et sera examiné lors de sa séance du vendredi 13 janvier 2017.
-> Pour aider l’Observatoire du nucléaire :
http://www.observatoire-du-nucleaire.org/spip.php?article119
P.S. : Pour renflouer la filière nucléaire, l'État vient de vendre 1,14 milliards d'euros sur sa participation dans le capital d'Engie (ex GDF-Suez). Très "bonne affaire" pour le contribuable puisqu'en 1 an le titre avait perdu 25, 8 % de sa valeur.
Ce n'est qu’un début, continuons le… désastre, puisque l'État s'est engagé à injecter 7,5 milliards d'euros pour éviter les faillites d'Areva ou d'EDF.
-> Pour les parisiens, un exposé-débat animé par Stéphane Lhomme :
Réacteurs vérolés, documents falsifiés :
que se passe-t-il dans le nucléaire français ?
Paris - Samedi 14 janvier 2017 de 14 h à 16 h
Bourse du travail (salle Jean Jaurès, au sous-sol)
3 rue du Château d'eau (10e), métro République
Communiqué
★ Vers un renforcement des luttes anti-nucléaires ?
Fin mai 2015 le réseau « Sortir du nucléaire » a reconnu la nullité de l’éviction du Conseil d’administration (CA) et du licenciement d’un ancien porte-parole du réseau, Stéphane Lhomme, survenus en 2010.
Pour bien comprendre l’enjeu, il est nécessaire de faire un bref rappel historique. Le réseau fut fondé en 1997. Les objectifs étaient de mutualiser les moyens et amplifier les luttes. Pendant dix ans, le réseau a su créer une réelle dynamique contestataire, appuyée sur près de 1 000 groupes et 80 000 personnes. C’est dans cette période que la Fédération anarchiste a décidé d’intégrer le réseau, d’autant plus que beaucoup de ses militants participaient à ces luttes, certains depuis les premières actions en France contre le nucléaire militaire et civil - centrale de Bugey (1970-1971), fûts radioactifs fissurés à Saclay (1972), Plogoff (1978-1981) - à une époque où la plupart des organisations politiques appuyaient le choix nucléariste de l’État gaulliste.
Mais le réseau s’est peu à peu transformé en une structure centralisée, dotée de moyens importants et s’appuyant sur une équipe de 17 salariés. Cette professionnalisation de l’action militante a conduit à dénaturer les dispositifs démocratiques internes et les objectifs du réseau. Cette grave dérive s’est concrétisée en décembre 2009 quand le directeur du réseau, appuyé par la majorité des salariés, a décidé de licencier Stéphane Lhomme. En effet, celui-ci remettait en cause la décision du CA de signer un texte intitulé « L’ultimatum climatique » envoyé à Nicolas Sarkozy, demandant à celui-ci de « prendre la tête du combat contre le dérèglement du climat » et dans lequel ne figurait aucun rejet de l’énergie nucléaire.
Début février 2010, le CA refusant ce licenciement, une AG extraordinaire « soigneusement » préparée par la direction du réseau décide de révoquer le CA pour le remplacer par un Conseil plus docile. Ce nouveau CA licenciera Stéphane Lhomme. Deux procédures furent alors engagées, une par Stéphane Lhomme devant les prudhommes, une autre devant la justice civile par 3 des administrateurs révoqués.
De nombreux groupes et organisations, dont la Fédération anarchiste, ont alors quitté le réseau, ne pouvant accepter ni ce fonctionnement interne ni ce changement de cap concernant le nucléaire. En effet, pouvait-on encore parler d’organisation antinucléaire lorsque, sous prétexte de lutte contre le réchauffement climatique, on abandonnait ce pourquoi on existait en signant un document compatible avec la stratégie sarkozyste pour qui le nucléaire était une énergie propre ?
De plus, les anarchistes pensent que la critique du nucléaire ne se limite pas aux seuls aspects énergétique et climatique. Elle doit remettre en cause aussi bien l’armement nucléaire que l’organisation même de la Société, ses structures verticales et sécuritaires, aggravées dans le cadre d’une société nucléarisée. Très affaibli et en proie à de graves difficultés financières, le réseau s’est alors replacé comme une composante du mouvement pour une transition énergétique et pour un soi-disant développement durable, nouveau nom, politiquement correct, du capitalisme. Cette stratégie lui a permis de se positionner sur le même terrain que le gouvernement et une partie des écologistes, pour rechercher des politiques acceptables par le système actuel.
Tout en condamnant ce qui s’était passé, un certain nombre de groupes étaient restés dans le réseau. Lors de l’assemblée générale de février 2015, ils ont finalement obtenu l’élection de 6 membres du CA (sur 9) sur une position alternative. Ce nouveau CA a reconnu que l’AG de février 2010 avait utilisé des accusations infondées et des méthodes inacceptables. Un compromis a été passé avec les 3 administrateurs révoqués et avec Stéphane Lhomme, qui ont retiré leurs plaintes. Les anarchistes ne peuvent que se réjouir de ce retournement de situation. Pour le nucléaire, comme dans les autres domaines, ils soutiennent la coordination des luttes anti-nucléaires et l’organisation entre les structures de base qui les mènent.
Mais organisation ne signifie pas centralisme et hiérarchie.
Le fédéralisme permet justement de respecter la participation égalitaire de chacun dans les initiatives et les réflexions.
La cohérence entre les moyens et les objectifs proclamés par une organisation est un témoignage fort de sa sincérité et de son efficacité.
La Fédération anarchiste espère que ce changement au sein du réseau sera durable et permettra un renforcement du mouvement anti-nucléaire.
Fédération anarchiste
Bure: un camp anti-autoritaire et anti-capitaliste,
Cet été aura lieu à Bure (Meuse) un camp anti-autoritaire et anti-capitaliste, du 1er au 10 août 2015.
Ses objectifs sont de faire un état des lieux des luttes actuelles et du contexte politique, réfléchir à nos modes d'action, partager nos questionnements (rapports d’ oppression, horizontalité, autonomie, etc), en faire l'analyse et construire la suite.
Il s'agira également de mettre en lumière et la renforcer la lutte contre le projet d'enfouissement de déchets nucléaires à Bure.
Là bas les nucléaristes, après avoir imposé un laboratoire pour enfouir les déchets radioactifs, cherchent à étendre le projet dans cette région désertique.
La gestion des déchets nucléaires n'a et n'aura jamais de solution. Ils seront toujours là, que ce soit à 500 mètres sous terre à Bure, comme ailleurs. L'urgence n'est pas à leur gestion, mais à l'arrêt de leur production. Si l'industrie de l'atome et l'État souhaitent enterrer le problème aussi vite que possible, c'est bien pour continuer d'en produire. Nous nous opposons à la destruction de nos lieux de vie, dans la Meuse comme ailleurs, ainsi qu'à la poursuite du nucléaire.
Afin de préparer cet événement, nous vous convions à une rencontre avec l'Infotour BURE Samedi 16 mai à 20h à la librairie l'Autodidacte, place Marulaz à Besançon
Plus de renseignement sur : http://campvmc.noblogs.org/
Fukushima : cogérer l’agonie
Texte que Thierry Ribault a lu le 11 mars dans les studios de Radio Libertaire, pendant l'émission spéciale Radio Libertaire - Radio Galère - Radio Zinzine :
A écouter ici
http://trousnoirs-radio-libertaire.org/
Ou à lire ici
Fukushima : cogérer l’agonie
En ce 11 mars 2015, quatre ans après l’inachevable désastre nucléaire de Fukushima,
on peut, bien entendu, établir un bilan officiel : 87 enfants atteints d’un cancer de la
thyroïde, 23 autres suspectés de l’être, 120.000 « réfugiés », 50.000 liquidateurs mobilisés
au seuil sacrificiel dûment relevé, des piscines remplies de combustibles prêtes à nous
exploser au nez, des rejets massifs et réguliers d’eau contaminée dans l’océan, pas moins de
30 millions de m3 de déchets radioactifs à stocker pour l’éternité.
Ce bilan existe. Nous vous y renvoyons.
L’État fait des habitants de Fukushima des cogestionnaires du désastre
Une fois ce « bilan » dressé, une fois les victimes et les inquiétudes considérées avec
respect, il s’agit de tirer les conclusions qui s’imposent. L’une d’entre elles est la suivante :
au fur et à mesure que se mettait en place l’aide fournie par des groupes citoyens, des ONG,
des structures plus ou moins indépendantes, l’État faisait des habitants de Fukushima,
indéniablement et sous couvert de « participation citoyenne », des cogestionnaires du
désastre. On pourra nous opposer que cet élan civique a relevé de la spontanéité, voire de
l’amour du prochain, que l’État n’a donné aucun ordre allant dans ce sens, que chacun était,
et reste, libre de « s’engager » dans de tels mouvements, certes ! Cependant, beaucoup des
hommes et des femmes qui l’ont fait, même si c’est inconsciemment, ont fait le jeu de l’État.
Voilà ce que nous avons constaté.
La plupart de ses groupes citoyens, ces ONG, ces structures plus ou moins
indépendantes ont appelé les habitants à s’équiper de dosimètres, les ont aidé à s’en
procurer ou à s’en fabriquer sur le mode do‐it‐yourself, les ont assistés dans la tâche
pharaonique d’une impossible décontamination, ont réuni des fonds aux sommes parfois
colossales pour acheter des équipements permettant d’effectuer des
anthropogammamétries, y ont fait asseoir leurs congénères pour leur asséner des chiffres
dont ils ne savaient que faire, ont élaboré des cartes des retombées radioactives au mètre
près, ont ouvert des dispensaires dédiés à l’évaluation des doses reçues et au suivi sanitaire
des populations. Ces « initiatives citoyennes » ont visé à rendre compte d’une réalité dont
les protagonistes estimaient qu’elle était niée par les autorités. Ce faisant, plutôt que de les
mener à « sauver leur vie », autrement dit prendre leurs jambes à leur cou (comme l’ont fait
certaines structures, dans le Yamanashi par exemple, aidant les gens à refaire leur vie
ailleurs), la plupart d’entre elles ont aidé les gens à rester sur place, ce qui a fait le jeu d’un
État qui n’avait d’autre objectif, dès le début des évènements, que de maintenir les
populations en place. Ce faisant, plutôt que de remettre en question la thanato‐politique de
folles sociétés humaines bâtiFukushima : cogérer l’agonienger et le gouvernement par la mort, ces structures ont appris aux gens à vivre avec, attendu que les dosimètres créeraient le miracle.
De Tchernobyl à Fukushima, la cogestion a fait faire un bond qualitatif à
l’administration du désastre : travaillant à la grande inversion du désastre en remède, elle a
porté à un degré de perfection jamais atteint jusqu’à présent la responsabilisation de chacun
dans sa propre destruction et la nationalisation du peuple qui la fonde.
Groupes indépendants… intégrés
Prenons deux exemples qui montrent comment, un jour ou l’autre, ces structures
plus ou moins indépendantes l’ont été de moins en moins et se sont, avec plus ou moins
d’état d’âme, ralliées aux structures étatiques.
Premier exemple : Ethos, programme développé en Biélorussie dans les années 1990
pour « améliorer les conditions de vie dans les zones contaminées », soutenu par la
commission européenne, dont le leader était notamment directeur du CEPN, Centre
d'études sur l'évaluation de la protection dans le domaine nucléaire, association financée
par EDF, le CEA, la Cogema et l’IRSN. Un clone de ce programme, Ethos in Fukushima, est né
au Japon six mois après le 11 mars 2011, à l’initiative d’une ONG locale visant à soutenir le
moral des troupes contaminées à travers des réunions d’information où sont prônées
l'entraide entre les habitants et des mesures illusoires de protection contre la radioactivité.
Le mot d’ordre de l’ONG, dont la foi, logiquement, renverse les montagnes, est : « Malgré
tout, vivre ici, c'est merveilleux, et nous pouvons transmettre un avenir meilleur ». L’élève
ayant rapidement dépassé le maître, cette initiative a fait l’objet d’une prise en main de la
Commission Internationale de Protection Radiologique (CIPR), qui a mené à la mise en place
de « Dialogues ». Ces séminaires participatifs ont alors rassemblé des élus, des experts
scientifiques et des groupes de citoyens soucieux de « revitaliser » les zones contaminées
qui en avaient bien besoin, afin d’inculquer une « culture pratique radiologique » et d’aider
chacun à « optimiser les doses ».
Deuxième exemple : Safecast, « réseau global de capteurs qui recueille et partage
des mesures de radiation afin d’habiliter les gens à gérer la situation grâce à des données
relatives à leur environnement. » Suite à leur participation à une conférence de l’AIEA en
février 2014 à Vienne, le leader de Safecast définit ses membres comme « des hackers, mais
pas de ceux qui dévalisent les banques (sic), de ceux qui sont les moteurs de l’innovation »,
et montre clairement le cap, considérant « avoir modifié avec succès les présupposés
qu’avait l’AIEA par rapport à ce que les groupes indépendants sont capables de faire (…) afin
de fournir des sources alternatives d’information », se déclarant avec une fierté affligeante
« certain que cela fera son chemin dans la prochaine révision des directives de réponse au
désastre que prépare l’AIEA.» La déléguée norvégienne à l’AIEA, qui a saisi tout l’intérêt des
« capteurs citoyens », a immédiatement vu en Safecast « des gens créatifs et innovants qui
développent des solutions efficaces par eux‐mêmes, et en cas d’accident dans votre propre
pays, vous serez bien contents d’avoir des gens comme eux. En fait, vous devriez même, dès
maintenant, chercher des gens comme eux »1.
Se félicitant de ce que cette déclaration ait été suivie d’applaudissements, les
responsables faussement naïfs de Safecast précisent : « Le consensus dans la salle a tourné
(…), la CIPR nous a proposé de trouver des financements, le ministère de l’énergie américain
veut intégrer nos inputs dans leur nouveau système d’information d’urgence, l’IRSN veut
que nous les aidions dans un de leurs projets, la Commission de régulation nucléaire discute
avec nous pour voir comment faire au mieux pour intégrer la mesure citoyenne dans leurs
plans de catastrophe ».
1 http://blog.safecast.org/2014/02/safecasting‐the‐iaea/
Les « capteurs‐citoyens » de Fukushima : des citoyens captifs
La cogestion des dégâts fonde le consensus : saluée par tous au nom de la nécessité à
dépasser la situation, elle est irréversiblement souhaitée et s’inscrit dans une stratégie
fondée sur cet art d’accommoder les restes qu’est la résilience. Approche prisée des
pronucléaires, elle s’intègre également, pour nombre d’antinucléaires, à une mise en oeuvre
de la participation citoyenne qu’ils appellent ‐ ne reculant devant aucun paradoxe ‐ de tous
leurs voeux, achoppant alors de manière redoutable devant la remise en cause du recours à
l’énergie nucléaire censée fonder leur lutte, et de la société industrielle qui rend ce recours
indispensable. Au final, l’objet de la cogestion, au nom de la démocratie, est l’État lui‐même.
En faisant de chacun un contre‐expert qu’il faut éduquer, informer, équiper, pour faire de lui
un mesureur performant, pour qu’il se soumette par avance à l’autorité scientifique qui
édictera les nouvelles normes nécessaires au bon fonctionnement de la machine sociale, la
cogestion s’affiche pour ce qu’elle est : l’art de répandre des métastases étatiques, pour
reprendre la limpide formule de Jaime Semprun et de René Riesel.
Certains sociologues du gyrophare, qui ne manquent jamais une occasion de louer les
« lanceurs d’alerte », ont persisté à vanter les mérites des « réseaux de capteurscitoyens
qui participent à la construction d’une intelligence collective instrumentée
et confèrent une capacité active aux citoyens pour interpréter leur environnement, le capter
et le mesurer et in fine agir sur lui »2. De la sorte, les alertologues se sont refusés à voir la
réalité de ce devant quoi ils s’ébahissaient : bien des « capteurs‐citoyens » de Fukushima
étaient bel et bien devenus des citoyens captifs.
Cogérer, consentir, obéir
Cogérer les dégâts du désastre nucléaire aide à franchir la distance qui séparait le
terrible de l’acquiescement au terrible. Cogérer les dégâts du désastre nucléaire amène à
prendre part au dispositif permettant de consentir à la contamination, à apprendre aux
hommes à vivre dans de mauvaises conditions d’existence et à faire pénétrer celle‐ci dans la
culture de masse. Cogérer les dégâts du désastre nucléaire, c’est s’inscrire dans le paradigme
de l’ordre, non dans celui de la transformation. C’est accompagner l’agonie au quotidien des
corps et celle, aussi grave, des esprits et de leur éventuelle pensée contraire. Passé maître
dans l’art de mépriser ses adversaires que sont les individus conscients d’eux‐mêmes, l’État
cogéré, désiré par tous, n’a plus que de faux ennemis dans la main desquels il a su glisser la
sienne. L’identification à celui que l’on craint joue ici d’autant plus fortement que la
cogestion tend vers l’autogestion, qui est au désastre nucléaire ce que l’autocritique fût au
stalinisme : une technique d’intériorisation de la culpabilité et, ce faisant, de la domination,
car la cogestion est une congestion de la liberté et du refus d’en être privé. Il s’agit alors de
se trouver une cause commune pour éviter de s’affronter à son propre sauvetage par le
refus. Or les causes communes abondent à Fukushima : tirer partie d’une expérience unique,
apprendre à faire face au prochain désastre, restaurer la communauté, redynamiser les
2 http://socioargu.hypotheses.org/4505
forces économiques, faire renaître l’emploi des jeunes, inciter les populations à un « retour
au pays natal »… Des menaces de non remboursement des frais de santé aux coupons de
réduction pour les touristes, du redéveloppement de l’industrie des loisirs (stades de
baseball, musées) à la construction de supérettes avec terrasses « plus conviviales »... à
Fukushima, nul doute : l’inventivité morbide fait fureur.
Assurément, en prétendant sauver d’un côté ce que l’on détruit de l’autre, on ne fait
que répéter l’obéissance au pouvoir.
11 mars 2015
Nadine et Thierry Ribault
Auteurs de
Les sanctuaires de l’abîme – Chronique du désastre de Fukushima,
Éditions de l'Encyclopédie des Nuisances, Paris,
PS:
À noter que Thierry nous a dit qu'il a été refusé par l'Obs car "trop long", Rue89 car "trop austère", Libération car "pas assez Charlie" (qui est leur priorité en ce moment).
Il est vrai que la phrase "Cogérer les dégâts du désastre nucléaire, c’est s’inscrire dans le paradigme de l’ordre, non dans celui de la transformation (…) on ne fait que répéter l'obéissance au pouvoir" peut s'appliquer aux attitudes face à bien d'autres graves dégâts du capitalisme et viser notamment la plupart des médias…
A écouter sur radio libertaire
Le mercredi 11 Mars 2015, cela fera 4 ans que la catastrophe de Fukushima s'est produite, à l'occasion Radio libertaire consacrera sa programmation à l'écologie et l’anti-nucléaire.
Camille, groupe JB Botul, mandat programmation RL
Fukushima, 4 ans après la catastrophe nucléaire
12h-14h30 : Un caillou dans l'engrenage
Une émission consacrée à l'enfance :
Radio trottoir Fukushima, ça te dit quoi ?
Court rappel avec quelques infos récentes
Les enfants de Fukushima : qu’en est-il ?
Fukushima et l’énergie dans l’édition jeunesse
L’énergie sur internet pour les enfants
14h30-14h45 : Présentation de l'après-midi et de la soirée
14h45-16h55 : Rediffusion de l'émission Trous Noirs du 29 avril 2013 : Michaël Ferrier, dans « Fukushima, Récit d'un désastre » montre comment se met en place une énorme entreprise de domestication pour y faire accepter une « demi-vie ».
17h-20h : Emission en duplex avec Radio Zinzine ( 105.0 FM à Manosque, 95.6 FM à Digne-les-Bains, 103.0 FM à Sisteron, 100.7 FM à Forcalquier, 106.3 FM à Gap, 101.4 FM à Briançon ) et Radio Galère (88.4 FM à Marseille) à écouter en direct.
Ce 11 Mars 2015, trois radios animeront et diffuseront ensemble une émission spéciale sur la catastrophe de Fukushima, ses conséquences sanitaires, sociales et politiques. Nous nous interrogerons sur la poursuite de l'industrie nucléaire dans le monde, nullement freinée par les catastrophes successives : comment le nucléaire constitue un outil de soumission et pourquoi il ne nous est plus possible d'accepter encore notre "condition nucléaire".
Les intervenants :
- Cécile Asanuma-Brice, chercheur en sociologie urbaine, vit et travaille à Tokyo
- Jean-Jacques Delfour, philosophe, auteur de "La condition nucléaire"
- Roland Desbordes, président de la CRIIRAD
- Yves Lenoir, président de l'association "Les enfants de Tchernobyl Belarus"
- Thierry Ribault, chercheur au CNRS, co-auteur de "Les sanctuaires de l'abîme"
20h30-22h30 : Interview avec Stéphane Lhomme, militant anti-nucléaire, fondateur de l'Observatoire du nucléaire.
22h30-00h : Traffic
- "Ringono", une association japonaise offrant des pommes et des documents d’information contre la contamination interne aux enfants vivant dans les zones polluées suite à l’accident de Fukushima-Daiichi. Festival Ringono le 14 mars à Confluences.
Au même programme, mais dans un autre contexte :
- "Enfances nomades", une fiction qui raconte trois histoires d'enfants nomades au Tibet, en Mongolie et dans le nord de la Sibérie, avec le réalisateur Christophe Boula et Emilie Maj (BOREALIA Films). Sortie sur les écrans le 25 mars.
www.federation-anarchiste.org
Ne pas oublier Fukushima
Fukushima, 4 ans après la catastrophe nucléaire:
Rassemblement 11 mars 2015
Changement de lieu
La place Pasteur étant occupée par des travaux le rassemblement est
déplacé place du 8 Septembre.
Merci de rectifier si vous avez déjà publié l'information.
Réfugiés dans les toilettes
Dans une région où les installations nucléaires sont particulièrement nombreuses, la municipalité PS-EELV d'Avignon signe une convention de "mécénat" avec AREVA, votée par les élus PS, UMP, PC, FN.
Les 2 élus Front de Gauche se sont "courageusement" abstenus, et les 3 élus EELV, au moment du vote, se sont réfugiés… dans les toilettes !
Voir en pièce jointe le texte issu du site de la "Coordination antinucléaire Sud-Est" sur son site :
http://coordination-antinucleaire-sudest.net/2012/index.php?post/2014/07/27/Avignon-%3A-les-%C3%A9lus-EELV-ne-condament-pas-la-convention-que-signe-la-municipalit%C3%A9-avec-Areva
Quelques extraits :
"La manne financière issue de la destruction atomique suit. Qu'importe que les enfants, dans leurs ateliers d'éveil, soient conduit à intégrer dans leur esprit en formation le despote de la contamination radioactive comme étant le bienfaiteur. Certains parmi eux seront ainsi prêts à devenir la chair à canon nomade et intérimaire que réclame chaque jour les installations nucléaires. D'ailleurs ces élus n'innovent guère puisque "l'Education Nationale", de la primaire à la fac, et les Fédérations sportives telle celle d'athlétisme, signent à tour de bras des conventions de soumission au lobby nucléaire. Intégrant ainsi les jeunes et les enfants dans une évidence mortifère. Le fric du plus puissant regroupement patronal militaro-civil mondial fait tourner la tête et pervertit les esprits des dirigeants et élus de tous poils." "L'objectif est précis : intégrer intellectuellement et moralement les "élites" et la population pour qu'elle se soumettent naturellement au prima des pouvoirs en place et de leurs décisions. Aujourd'hui chacun sait que les pro-nucléaires ont pénétré en France, depuis à présent cinquante ans, l'appareil d'Etat (ministères et pas uniquement des armées et de l'industrie, cabinets ministériels, assemblée nationale et sénat, conseils généraux et régionaux, administrations relais telles les Agences régionales de la santé, les institutions de pseudo-contrôle telles l'ASN et l'IRSN, les assemblées élues locales,…)". "Dans cette lutte sans merci, que le lobby nucléaire conduit contre le libre-choix des peuples, un vaste programme à produire des idées a été mis en place. Des spécialistes en manipulation et conditionnement, en sociologie des comportements, en addiction/gratification, en communication ont été recrutés. Il faut à tout prix (et la somme importe peu) intégrer les populations à l'idéologie voulue. Leur mission : favoriser l'émergence de nouveaux comportements et formes-pensées afin de permettre au pouvoir économique de gagner du temps pour mieux gérer ses propres contradictions et de rebondir. Leurs deux dernières productions en sont : "développement durable" et "transition énergétique".
Deux livres (entre autres) à lire sur le sujet : -
"La France nucléaire. L'art de gouverner une technologie contestée"", Sezin Topçu, Le Seuil -
"La condition nucléaire. Réflexions sur la situation atomique de l'humanité", Jean-Jacques Delfour, L'Echappée
Contre la nouvelle directive EURATOM :
Irradiés de tous les pays, unissez-vous !
On va pouvoir continuer d'inhaler et d'ingérer ces êtres radioactifs qui, pour certains, vont accompagner l'humanité pendant des milliers d'années (si elle y survit), mais cette fois légalement : malade ou mort, mais DANS LES NORMES !
En effet, comme le révèle un texte de la coordination antinucléaire du sud-est : "A quelques semaines d'intervalle l'Union Européenne d'un côté et la France de l'autre cèdent au diktat et au noyautage des institutions par le lobby nucléaire. Dans une nouvelle directive "Euratom", l'UE augmente les normes de contaminations radioactives en cas d'accident nucléaire en Europe et le Président de la République française signe un communiqué avec le Japon admettant sur notre territoire des produits contaminés radioactifs nippons".
- Pour le public : de 1 mSv/an auparavant, à 100 msV/an en "situations d'urgence" "Taillée sur mesure pour l'industrie nucléaire, la nouvelle norme "admissible" en matière d'exposition aux rayonnement ionisants établie par le Conseil de l'Union Européenne est une déclaration de guerre à la vie, aux territoires et à la planète.
Les victimes ne pourront donc pas prétendre à indemnisation et les populations seront contraintes de rester en zones contaminées et de consommer des aliments mortels.
Alors qu'il n'existe pas de dose de radioactivité inoffensive ou en deça de laquelle il n'y aurait pas de risque pour la santé, une nouvelle directive augmente les doses d'irradiation que devrait subir la population en cas d'accident nucléaire en Europe. Il font passer la nouvelle norme de dose "admissible" de radioactivité de actuellement 1 mSv/an pour le public à 20 mSv/an pour les "situations d'exposition existantes", et à 100 mSv/an pour les "situations d'exposition d'urgence".
Depuis le 28 Mars 2014, l’Europe s’est alignée sur les normes japonaises de contamination radioactive alimentaire imposées depuis la catastrophe nucléaire survenue à la centrale de Fukushima. L’Europe autorise donc l’importation d’alliments contaminés par les Césiums 134 et 137 (seuls contrôles) tandis que sur le Strontium, le Plutonium, le Tritium : pas un mot".
Concernant le nucléide radioactif dans les produits alimentaires et les fourrages provenant du Japon, le Japon se félicite de la compréhension de la France pour une révision des mesures de restriction de l’UE fondée sur des données scientifiques et le « CODEX pour les contaminants et les toxines dans les aliments.
Le but sinistre est de pouvoir imposer aux peuples et à la chaîne alimentaire une contamination qui ne sera plus illégale et permettra de poursuivre la commercialisation d'aliments et de produits radioactifs. Au détriment de la protection des populations et de sa santé.
Ainsi le lobby nucléaire et les gouvernements - tant socialistes que de droite - s'octroient un droit de vie et de mort sur chacun.
- Pour les travailleurs du nucléaire : de 20mSv/an auparavant, à 500 mSv/an en "situations exceptionnelles", définies ainsi par la directive eurpéenne : "Dans des situations exceptionnelles, pour sauver des vies, empêcher de graves effets sanitaires radio-induits, ou empêcher l'apparition de situations catastrophiques, un niveau de référence supérieur à 100 mSv, mais ne dépassant pas 500 mSv, peut être fixé pour une dose efficace résultant d'une exposition externe des travailleurs intervenant en situation d'urgence".
Fukushima
Pendant que la France et le Japon signent des accords de coopération dans le nucléaire, l'ampleur de la contamination du milieu naturel et humain est un secret d'Etat.
Quelques informations filtrent de temps en temps, telles ces deux :
-> "L'opérateur de la centrale nucléaire accidentée de Fukushima, Tepco, a annoncé samedi avoir découvert des niveaux d'éléments radioactifs encore plus élevés que précédemment dans l'eau souterraine accumulée au pied des réacteurs. Tepco a avoué ne pas savoir si cette eau contaminée s'écoulait ou non dans la mer." (Direct Matin)
-> Thierry Ribault, auteur avec Nadine Ribault du livre du livre "Les Sanctuaires de l’abîme – Chronique du désastre de Fukushima", a traduit l'intervention faite par le professeur Hiroaki Koide, spécialiste des réacteurs au Research Reactor Institute de l’université de Kyoto le 23 juin dernier à Fukushima, à l'occasion d'une rencontre organisée par le laboratoire indépendant CRMS (réseau d'une dizaine de stations de mesures pour la radioactivité).
Quelques extraits :
"La quantité de césium 137 relâchée à Fukushima est de l’ordre de 168 fois celle relâchée lors de l’explosion de la bombe d’Hiroshima : ce sont les chiffres du gouvernement japonais, mais ils sont sous-estimés, et la raison en est liée à la question de la responsabilité. Certes Tepco est responsable de l’accident, mais nul autre que le gouvernement n’a demandé à Tepco de poursuivre le nucléaire, arguant que c’était “ sans danger “
Le gouvernement a une responsabilité lourde, et le terme de “ responsabilité ” est un euphémisme car il a commis, de fait, un véritable crime d’Etat. Est-il normal qu’en un tel cas, ce soit le criminel qui fournisse les chiffres, et donc les preuves du crime qu’il a commis ? Il faut, en réalité, multiplier ces chiffres par deux ou trois et comprendre que la quantité de césium relâchée lors des explosions à Fukushima équivaut à 300 ou 400 fois la bombe d’Hiroshima. Sans compter ce qui a été reversé dans l’océan, et, aujourd’hui encore, des quantités considérables sont relâchées en pleine mer sans qu’on puisse entrevoir la fin de ce désastre."
La conclusion ;
"Nous sommes tous ici, tranquillement réunis dans cette salle de conférence à Fukushima, à discuter comme si de rien n’était, alors que dans cette ville de 300 000 habitants, tout est irradié [...]. L’endroit où nous sommes actuellement devrait être classé “ zone d’accès contrôlée ” et être évacué [...]. L’unique solution est la fuite [...]. On ne laisse vivre personne dans une “ zone d’accès contrôlée ”, et surtout pas des enfants. […]
C’est la responsabilité individuelle qui joue dans la décision de chacun. Je suis ici de mon propre fait et vous également. Mais pas les enfants. Ce n’est pas que je souhaiterais ne protéger que les enfants. C’est que si je ne les protège pas, je ne me le pardonnerais jamais. A chacun d’entre vous de décider en conséquence."
Voir le texte complet sur Rue89 :
http://www.rue89.com/2013/07/03/crime-detat-a-fukushima-lunique-solution-est-fuite-243864
P.S. ; Thierry Ribault avec Cécile Asanuma-Brice (tous deux chercheurs au CNRS à Tokyo), et aussi Wataru Iwata (musicien), initiateur et coordinateur du CRMS, mènent un gros travail d'information au Japon sur le nucléaire.
Les « chefs » du Réseau Sortir du nucléaire laminent
Les « chefs » du Réseau Sortir du nucléaire laminent... les revendications antinucléaires !
Première dépêche AFP : http://bit.ly/Wc0yDf
Seconde dépêche AFP : http://bit.ly/Z6Q8EA
Ayant organisé une conférence de presse, les « chefs » (putschistes : cf http://reseau.democratie.free.fr ) du Réseau Sortir du nucléaire ont constaté que l'AFP leur faisait
revendiquer « l'arrêt immédiat des centrales françaises ». Panique à bord : s'étant fait gronder par la direction d'EELV (qui ne veut pas se fâcher avec le très
pronucléaire PS), les « chefs » du Réseau contactent l'AFP pour faire rectifier la dépêche en réduisant les revendications.
Une dépêche rectificative est effectivement éditée, dans laquelle le Réseau ne revendique plus que la fermeture des réacteurs de plus de 30 ans. Du coup, les « chefs » du Réseau, qui organisent une "Chaine humaine - Faites un don" en région parisienne... ne revendiquent PAS la fermeture de la centrale de Nogent-sur-Seine ! (réacteur 1 raccordé en 87, réacteur 2 en 88).
De même, ils revendiquent la fermeture des réacteurs 1 et 2 de Chinon (82,83)... mais PAS des réacteurs 3 et 4 ! (86,87). Idem avec Cruas : fermeture du réacteur 1 (83) mais PAS des réacteurs 2,3 et 4 (84, 84, 84). Idem avec Gravelines : fermeture des réacteurs 1 à 4, mais PAS des 5 et 6 (84, 85). Quelle rigolade !
Finalement, les dirigeants du Réseau Sortir du nucléaire sont aussi ridicules que ceux d'EDF et d'Areva. On en rirait presque si l'on oubliait la détresse des militants, qui ne méritent pas de tels « chefs ». Ils méritent d'ailleurs de ne pas avoir de « chefs » du tout...
